Valérie Masson-Delmotte

Peu de scientifiques de sa génération ont acquis la visibilité qui est désormais celle de Valérie Masson-Delmotte.

Présentation

Qui comme Valérie Masson-Delmotte peut se prévaloir d’avoir été distinguée, en 2022 par le magazine Time qui la classe parmi les 100 personnes les plus influentes de la Planète, en 2021 par Forbes qui la distingue parmi les 40 femmes de l’année, et en 2018 par la revue Nature qui considère qu’elle fait partie des dix personnalités qui ont le plus compté en 2018. Elle le doit largement à son implication au sein du GIEC – le Groupe Intergouvernemental d’experts sur l’Évolution du Climat. Elle y est active depuis une vingtaine d’années avec comme point d’orgue sa participation – au titre de co-présidente du groupe dédié aux éléments scientifiques du changement climatique – à son 6ème rapport dont la synthèse sera publiée en mars 2023.

Sur le plan national, elle est tout aussi connue et respectée et ce de façon très large, des nombreux jeunes qui la suivent sur les réseaux sociaux aux décideurs politiques qui la sollicitent… jusqu’à lui proposer d’intégrer le gouvernement, ce qu’elle a refusé. Dès la fin des années 2000, les médias l’ont adoptée. Elle s’implique alors dans la controverse autour du lien entre réchauffement climatique et activités humaines. Elle devient une des figures de la lutte contre le climato-scepticisme en étant à l’origine d’un appel dans lequel 600 chercheurs s’insurgent des déclarations publiques de deux de leurs pairs, climato-sceptiques. En résulte un débat à l’Académie des Sciences et une notoriété qui va aller croissante pour Valérie Masson-Delmotte, femme scientifique de l’année en 2013.

Sur les derniers mois de nombreux portraits lui ont été consacrés si bien qu’il ne doit pas avoir beaucoup à y ajouter dans ces quelques lignes.

A la sortie de l’Ecole Centrale, elle contacte Jean Jouzel pour faire une thèse ; celui-ci est alors directeur–adjoint de deux laboratoires, l’un au CEA à Saclay, l’autre à Grenoble et encadre déjà 3 thésards dont Marc Delmotte son futur mari. Il ne répond alors pas vraiment à son attente lors de ce premier échange et la dirige vers Sylvie Joussaume sous la direction de laquelle elle prépare son doctorat dédié à la simulation du climat de l’Holocène moyen, autour de – 6000 ans. C’est une fois sa thèse terminée que Jean Jouzel lui propose de rejoindre son équipe au sein du Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (CEA/CNRS/UVSQ) et de s’intéresser à la reconstruction des variations passées de notre climat à partir de l’analyse isotopique des glaces polaires. Très rapidement elle s’impose comme une spécialiste incontournable des variations climatiques rapides documentées dans les glaces du Groenland. En parallèle, elle contribue de façon très importante au programme européen qui, en Antarctique, nous permet de reconstruire le climat sur l’ensemble des 800 000 dernières années. Sa maîtrise des modèles climatiques lui permet d’explorer la façon dont les informations déduites à partir des variations passées de notre climat peuvent être exploitées pour contribuer à en appréhender l’évolution future. Elle prend rapidement des responsabilités, à 27 ans de l’équipe de glaciologie et quelques années plus tard de l’ensemble des activités dédiées aux archives climatiques. Ses collaborateurs ont beaucoup apprécié cette vingtaine d’années d’étroite collaboration avec Valérie dont is admirent l’engagement au service de la communauté scientifique à travers sa participation au GIEC.

Valérie Masson-Delmotte reçut le prix de popularisation de la science de la SFP, le Prix Jean Perrin, en 2015.

 

Un texte rédigé pour la SFP par Jean Jouzel