Paul Langevin (1872-1946)
Physicien de premier plan, à la fois professeur, théoricien et inventeur, Paul Langevin est une figure emblématique de la première moitié du XXe siècle.
Portrait
Paul Langevin est un scientifique renommé, qui a soutenu et accompagné les grands bouleversements théoriques du début du siècle. Il est aussi un humaniste profondément engagé dans les combats politiques et sociaux de son temps.
Paul Langevin nait en janvier 1872 à Paris dans une famille de condition très modeste. Elève brillant, il parvient à intégrer l’Ecole de Physique et de Chimie (aujourd’hui ESPCI – PSL) puis l’Ecole Normale Supérieure. Grâce à une bourse, il termine sa formation au célèbre laboratoire Cavendish de Cambridge, à la pointe d’une physique nouvelle, celle de l’atome.
Il adopte les théories les plus novatrices sur la constitution atomique de la matière et sur les propriétés de l’électron qu’il soutient dans sa thèse Recherches sur les gaz ionisés en 1902. Très vite, il obtient une reconnaissance internationale de ses travaux et accède à des postes prestigieux : professeur au Collège de France à partir de 1902, à l’Ecole normale supérieure de jeunes filles de Sèvres à partir de 1905 ainsi qu’à l’Ecole de Physique et de Chimie où il succède à son ancien professeur Pierre Curie.
S’inscrivant dans les pas de son maître, il apporte la confirmation théorique de l’effet de l’agitation thermique sur les propriétés magnétiques des atomes (loi de Curie, 1895). Spécialiste de la théorie cinétique des gaz et de physique statistique, il propose aussi une équation permettant de calculer l’énergie moyenne de l’agitation moléculaire observée dans le phénomène de mouvement brownien. L’équation de Langevin est toujours utilisée aujourd’hui, notamment en biologie et dans le domaine de la matière molle.
Paul Langevin présida la SFP en 1926.
Paul Langevin est l’un des premiers physiciens français à comprendre la portée de la théorie de la relativité et à la diffuser en France, et à l’étranger. Ses propres travaux l’ont en effet conduit à formuler une équation similaire de la relation entre la masse et l’énergie avant de connaître celle d’Albert Einstein (E=mc2). Leur rencontre lors du premier Conseil de physique Solvay (1911) scelle le début d’une longue amitié.
Mobilisé au Bureau des Inventions pendant la Première guerre mondiale, il s’attèle à la détection des sous-marins ennemis par ondes ultra-sonores et met au point le sonar, technologie ingénieuse à l’origine de nombreuses applications civiles comme l’échographie médicale.
Après la guerre, alors que les nationalismes divisent la communauté scientifique, il œuvre pour la coopération internationale et s’engage dans les mouvements pacifistes. Considérant la science comme facteur de progrès et de justice sociale, il s’attache avec énergie à la diffuser auprès de tous les publics et milite pour des réformes pédagogiques.
Face à la montée du fascisme dans les années 30, il redouble d’énergie et contribue à fonder, entre autres, le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, puis le Comité pour l’aide à l’Espagne républicaine. En 1940, Il sera le premier universitaire français arrêté par la Gestapo et aussitôt destitué de ses fonctions par le régime de Vichy.
A la Libération, Paul Langevin préside la Commission de réforme de l’enseignement qui prépare un vaste programme de refonte du système scolaire. Il décède en décembre 1946, quelques mois avant son achèvement. Remis au nouveau gouvernement, le plan Langevin-Wallon ne sera jamais appliqué mais inspirera de nombreuses réformes éducatives de la seconde partie du XXe siècle.
Ultime hommage de la nation, ses cendres sont transférées au Panthéon le 17 novembre 1948, en même temps que celles de son ami Jean Perrin.
Pour aller plus loin :
André LANGEVIN, Paul Langevin, my father. The man & his work. Traduit de l’édition française par Francis DUCK, EDP Sciences, 2022
Paul Langevin, un savant engagé, exposition virtuelle sur le site PSL Explore
Elisa Thomas (PSL) et Catherine Kounelis (ESPCI Paris-PSL)
12 décembre 2022